A quoi servent les vigilances météos mises en place par Météo-France et la Sécurité civile française au vu des nombreux décès observés la nuit dernière dans la grande agglomération de la Côté d’Azur, de Mandelieu à Nice en passant par Cannes et Antibes ?
Un suystème d’alerte météo inadapté et une sensibilisation au risque météo quasi nulle
Tandis que les modèles météos nationaux tels que Arome, désormais accessibles au grand public suite à une intervention des autorités éuropéennes, prévoyaient de très fortes précipitations dans une zone ultra-urbanisée et en pentes, susceptibles de recevoir des pluies torrentielles et de voir ses réseaux d’évacuation d’eau visiblement sous-calibrés (comme dans la plupart des grandes villes à l’urbanisation galopantes) saturés, avec inondation des points bas, des parkings souterrains, caves et autres coulées de boues, une simple vigilance « Orange » a été émise avant l’événement !
Plusieurs manifestations de grande importance telles qu’un match de football et un concert d’une grande vedette du show business nationale ont été maintenus contre vents et marées, et la population, visiblement très peu sensibilisée par le risque météo dans une région pourtant hautement exposée, à continuer à vaquer à ses occupations ordinaires comme si de rien n’était.
Le résultat de toute cette incurie et de cette impréparation est malheureusement terrifiant pour les familles de victimes : plus de 13 morts et 6 disparus sont déjà comptabilisés dans un bilan provisoire.
Illustration : le modèle météo national Arome avait prévu dès son run de 12h une situation météo alarmante sur la côte d’azur pour la soirée du 3 Octobre 2015, mais le pire n’a pas été évité le soir venu et toutes les manifestations publiques semblent avoir été maintenues comme si le calme plat allait régner…
Quels enseignements tirer de cette catastrophe ?
Il conviendra de tirer les enseignements d’une telle catastrophe humaine mais aussi matérielle.
D’ores et déjà, le système de vigilance météo français semble inadapté à la réalité des menaces : il manque d’évidence un niveau d’alerte, car la couleur orange sort très régulièrement sans que pour autant les phénomènes en question aient eu l’ampleur de celui constaté, voire modélisé hier soit par Arome, qui avait fort bien prévu le phénomène.
De plus les autorités locales, bien qu’elles s’en défendent, ont été absentes au moment du phénomène, par manque d’anticipation (ce qui peut se comprendre puisque seule une alerte orange classique avait été donnée) : certes elles se sont mobilisées rapidement pour ensuite venir en aide aux sinistrés, mais le mal était fait.
Par ailleurs, la population locale manquait visiblement de sensibilisation aux risques météos, certains automobilistes ou certaines personnes s’engageant sciemment vers des points bas inondables, au péril de leur vie, n’imaginant pas que des pluies torrentielles sont capables de tout emporter sur leur passage…
De deux choses l’une : soit l’on met en place un système d’alerte et il se doit d’être efficace, soit on laisse la population se ternir informée par elle-même et prendre conscience de ses propres responsabilités (en allant par exemple suivre les prévisions météos de sites « citoyens » tels qu’infoclimat.fr ou meteociel.fr) tout en développant une vraie culture du risque météo, mais une situation intermédiaire, dans laquelle la population se croit informée et protégée sans l’être réellement, ne peut que conduire au renouvellement d’une telle catastrophe.